Brexit or not Brexit?
- Laura Roudaut
- 5 oct. 2016
- 3 min de lecture

Brexit or not Brexit ?
Le 23 juin dernier, le monde entier et plus particulièrement l’Europe s’étouffait en apprenant la nouvelle : 17,4 millions de britanniques s’étaient exprimés pour le Brexit contre 16,1 millions en faveur du « Stay ». Personne ou presque n’avait cru que la Grande Bretagne, seconde économie de l’UE, membre du Conseil de sécurité de l’ONU et dotée de la puissance nucléaire, puisse quitter le navire du « rêve européen », alors déjà en crise. Le choc passé, le gouvernement Cameron s’en est allé et a laissé place à celui de l’ancienne ministre de l’Intérieur, Theresa May. La « Prime Minister » issue du camp des « Tories » était pour le maintien de son pays dans l’UE. Pourtant, c’est à elle que revient la lourde tâche de prendre la porte de sortie de l’Europe (avec les conséquences qui en découlent).
Les britanniques vont-ils réellement quitter l’Union Européenne ? Nombreux sont les Européens souhaitant désormais que les décisions soient assumées par leur voisin britannique.
Money, money, money
Alors que l’Allemagne d’Angela Merkel et la France de François Hollande souhaitent que le Brexit s’opère rapidement, la Grande-Bretagne semble, quant à elle, vouloir prendre son temps et tente de bénéficier des meilleurs accords possibles auprès de Bruxelles. D’une part, les Britanniques désirent conserver un accès direct au marché unique pour leurs exportations. D’autre part, ils renoncent à l’espace Schengen qui prévoit la libre circulation des personnes entre les Etats signataires et associés. Autrement dit, ils souhaitent contrôler leurs frontières intérieures ; en somme, tout est question d’argent. La solidarité et la cohésion semblent n’être que des détails.
"L'Union Européenne a
l’habitude de résoudre
des problèmes insolubles,
elle pourra résoudre
celui-là aussi."
DAVID CAMERON
Cependant, le ciel s’éclaircit depuis quelques jours
et les négociations se concrétisent. Theresa May a
annoncé la semaine dernière que le Royaume-Uni
activerait bel et bien l’article 50 du Traité de
Lisbonne avant la fin du mois de mars. La cheffe de
l’exécutif souhaite également saisir le Parlement
britannique dans le but d’abroger l’acte d’adhésion de son pays de l’Union européenne. La sortie d’un des pays-membres de l’Union européenne, bien qu’inédite, est prévue par la Constitution européenne. En effet, l’article 50 introduite par le traité de Lisbonne définit les modalités d’un retrait volontaire et unilatéral. Londres va devoir modifier une bonne partie de sa législation nationale pour la remplacer par les textes issus de l’UE.
Theresa May ne perd pas le Nord.
Dans le même logique que Margaret Thatcher dans les années 1980 avec son fameux « I want my money back ! », la Première ministre britannique désire faire profit de cette transition historique. Cette dernière a d’ailleurs affirmé qu’elle « souhaite obtenir, en douceur, le meilleur accord possible » avec l’UE. Bruxelles ne peut se défaire aussi facilement qu’elle le voudrait de la puissance britannique mais, a contrario, les Britanniques ne pourront plus jouir des mêmes avantages qu’auparavant. Ce sont les règles du jeu.
Lors du traditionnel discours de la reine devant le Parlement en avril ou mai prochain, Theresa May annoncera une nouvelle législation dans le but de retrouver la souveraineté et l’indépendance nationale volés par l’UE. Cette législation consistera à abroger le « European Communities Act » qui a permis au Royaume-Uni d’incorporer les traités communautaires de l’UE dans son droit national en 1972. En outre, il s’agit de la loi qui concrétisa juridiquement l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne (CEE), que l’on connaît aujourd’hui sous le nom d’Union Européenne (UE).
Les yeux plus gros que le ventre
La Grande-Bretagne s’embarque donc, non plus dans le rêve européen, mais dans de longues et rudes négociations. Certaines de ces décisions peuvent prendre jusqu’à dix ans pour être effectives. Par la suite, le Royaume-Uni rejoindra très certainement l’Islande ou la Norvège au sein du l’Espace économique européen, qui lui donnera un accès au marché intérieur. Seul bémol : Londres devra respecter assidûment les règles contraignantes de ce marché sans participer à leur élaboration et tout en y versant une forte contribution financière. Certains doivent déjà s’en mordre les doigts.
Comentarios